Pâtes ou riz, pull gris ou bleu: parmi la profusion de petites et grandes décisions du quotidien, l’enfant doit-il être impliqué? Et si oui, comment et à partir de quel âge? Avis d’experts sur la question.
Que veux-tu manger ce soir? À quel stage veux-tu qu’on t’inscrive? Notre vie quotidienne est ponctuée de dizaines de choix. Et en tant que parent, on peut être tenté de consulter nos enfants pour ceux qui les concernent, par bienveillance ou pour éviter la crise. Bonne ou mauvaise idée?
Une question d’équilibre
“Le problème, c’est le trop”, affirmait Daniel Marcelli au micro de France Inter. Pour ce professeur de pédopsychiatrie et co-auteur du livre Trop de choix bouleverse l’éducation (Antoine Périer et Daniel Marcelli), “dans l’éducation, les excès sont toujours néfastes. Que ce soit l’excès de rigidité, d’autoritarisme, d’interdits… qui donne des enfants repliés sur eux-mêmes, coincés, anxieux, angoissés. Ou l’excès de choix”. Il est donc question de trouver le juste équilibre, même si celui-ci évolue sans cesse.
Sandrine Franck, psychologue clinicienne belge spécialisée dans l’enfance, rejoint ce point de vue: “Laisser des choix à l’enfant peut être intéressant. Cela lui permet de développer son autonomie, son esprit critique, de renforcer son estime de soi. Mais l’idée est de le faire dans un juste dosage”.
Éviter les questions ouvertes
Votre enfant fait une scène à chaque repas ou au moment de s’habiller? “Il peut être intéressant de lui laisser le choix dans ce contexte, nous dit la psychologue, pour qu’il ait un sentiment de contrôle. Il aura alors moins l’impression que tout lui est imposé. L’idée n’est pas de le laisser trop libre, mais de lui proposer deux options pertinentes. Le pantalon bleu ou le pantalon vert, une banane ou une poire pour le goûter… Ces petits choix peuvent ainsi éviter de monter en escalade”.
Choisir, c’est aussi un apprentissage. Et le rôle du parent est de guider l’enfant dans cet apprentissage-là
La clé? Éviter de lui poser des questions ouvertes. “Surtout à l’enfant en bas âge, insiste Sandrine Franck. On lui laissera le choix entre deux possibilités. Ainsi, le cadre est posé”.
Quand choisir fatigue
Si laisser le choix à l’enfant permet de renforcer son indépendance et sa confiance en soi, à l’inverse, lui en laisser trop peut faire des dégâts. “Cela peut être sur-stimulant et fatigant pour lui, le submerger et lui mettre une pression contre-productive”, affirme la psychologue. Elle poursuit: “Mais aussi créer des troubles associés à un manque de limites. Si le parent ne pose jamais de règles, cela peut générer de l’anxiété, des troubles du comportement”. On le sait, le cadre est rassurant pour l’enfant.
Dans les premières années de sa vie, l’enfant doit faire l’expérience de la souffrance d’un désir non satisfait
Pour Daniel Marcelli, “à long terme, laisser trop de choix à l’enfant lui fait penser que son désir, c’est ce qu’il y a de plus important. (…) L’enfant construit l’idée que son désir, son rapport à lui-même, est plus important que son rapport à l’autre”. L’apprentissage de la frustration est ainsi primordial: “Dans les premières années de sa vie, une fois de temps en temps, l’enfant doit faire l’expérience de la souffrance d’un désir non satisfait”.
Le choix chez l’enfant en 3 questions
La psychologue Sandrine Franck a répondu à trois questions que vous vous posez en tant que parents.
- Pour quelles décisions ne pas consulter l’enfant? “Pour les choix importants qui concernent son avenir ou sa santé. S’il doit porter des lunettes, un appareil dentaire ou qu’il doit aller à un rendez-vous médical, par exemple. Dans ce cas-là, le parent choisit pour lui, pour son bien, tout en l’accompagnant dans ses émotions”.
- À quel âge on le laisse décider? “Les petits choix peuvent déjà être proposés autour de 2 ans, quand le petit entre dans la période d’opposition. Mais cela doit être fait dans un cadre précis, avec deux options. Avec un enfant plus grand, on peut l’amener à réfléchir. S’il a 5 ans et qu’il insiste pour porter un short alors qu’il fait froid dehors, par exemple, on peut pousser la réflexion pour le guider vers la bonne option. Choisir, c’est aussi un apprentissage. Et le rôle du parent, c’est de guider l’enfant dans cet apprentissage-là”.
- Et si mon enfant n’est pas bien face à ma décision? “Il faut bien sûr prendre en compte son état émotionnel. Si avant d’aller aux scouts ou à son cours de piano, il est systématiquement dans un état de détresse, d’angoisse, on ne va pas le lui imposer… Il est important de communiquer avec lui pour comprendre d’où viennent ses peurs ou ses réticences”.
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